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"Nous voulons une musique sauvage et ephemere."
LES paves ont disparus sous un goudron gauliste, le graffiti a ete lave des murs de la Sorbonne, mais dans le recueil de Julien Besancon la musique sauvage et ephemere de mai '68 nous revient, intermittente, saccadee, a travers les griffonages des etudiants parisiens.
"Prenons la Revolution au serieux, mais ne nous prenons pas au serieux."--voila peut-etre la phraseclef dans ce melange de boutades malines, de jeux-de-mots quasi (ou franchement) obscenes, de citations heroiques. "Je suis marxiste tendance groucho," ecrit un etudiant de Nanterre; "Je jouis dans les paves," declare un autre: nous ne sommes evidement pas parmi de graves doctrinaires. Dans l'ambiance febrile et joyeuse de mai meme les minettes du 16eme aident a la construction des barricades; a la colere, et a la passion anti-gouvernementale se mele un desir incoherent de participer au defi solidaire de la jeunesse. Derriere la naivete du celebre "J'ai quelque chose a dire mais je ne sais pas quoi" se trouve un besoin inarticule de s'unir aux autres, de s'echapper d'un anonymat individuel. "Le graffiti en soi devenait liberte," nous explique Besancon dans la preface.
Absurdes, ironiques ou amers, ces gribouillages sont des cris du coeur: "Je crie/J'ecris/#595 378 8222 bis de l'anonyme contrainte." On y trouve une haine de la societe urbanisee et dehumanisee, qui rappelle non seulement le ruralisme de Mao, mais celui de Rousseau, de Fourier, et de Proudhon: "L'economie est blesse, qu'elle creve." "Dessous les paves c'est la plage ..." Mepris des institutions democratiques ("Referendum -- voter sa chaine et son boulet."), anarchisme ("L'emancipation de l'homme sera totale ou ne sera pas."), foi en l'action directe ("L'aboutissement de toute pensee c'est le pave" -- les multiples courants de la pensee socialiste franeaise semble se ranimer derriere les barricades du quartier latin.
En effet, partout dans ce recueil on voit l'effort des etudiants s'allier au passe: invocation de dates revolutionaires citations de St. Just, Babeuf, Bakounine, appel a un role historique ("Deculottez vos phrases pour etre a la hauteur des sans culottes.") Vue apres l'echec humiliante des elections, cette solidarite avec l'histoire est ironique et inquietante.
Les Murs ont la Parole n'atteint peut-etre toute son importance documentaire que pour ceux qui sont inities a la pensee de Stanley Hoffmann, mais memes les non-inities y trouveront de quoi s'amuser et s'emouvoir: ce "journal mural" d'une revolution estudiantine manquee nous adresse tous la parole.
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